Oubliez l’ambition
La première définition que nous donne Antidote de l’ambition est celle-ci: «Recherche ardente de la réussite, du pouvoir, des honneurs, de la fortune.» Mais Christophe Hilmoine nous donne plutôt celle-ci: «La bonne ambition est celle qui vous donne la force d’avancer, de vous dépasser dans votre travail avec patience et persévérance.» J’avoue très sincèrement que cette deuxième définition me satisfait davantage. Car l’ambition devrait simplement se définir face à soi-même.
Tout d’abord, je ne pense pas que le milieu de la littérature s’offusquera parce que j’affirme que l’écriture est difficile. L’adage dit : 5% de talent, 95% de sueurs. Oui, l’écriture est difficile, laborieuse et complexe, mais aussi fascinante. L’essentiel est d’avoir la passion des mots, de partager notre façon de voir, de sentir et de ressentir les éléments et les beautés de la vie, tout autant que ses tristesses, ses invraisemblances et ses cruautés. Mais d’avoir comme défi de partager notre monde, notre univers, nos personnages bien-aimés et leurs aventures, c’est la mission la plus folle et la plus belle que l’on puisse rêver de vivre.
Mais il faut avoir le gout de s’y plonger, et ce, d’abord pour soi-même. C’est un peu cliché, me direz-vous. Peut-être, mais c’est tellement vrai. L’acte d’écrire est teinté d’une grande solitude, alors l’auteur·e s’oriente dangereusement vers un échec et une grande déception s’il·elle croit y arriver tout simplement en écrivant un livre. Car la gloire et la fortune, particulièrement au Québec, ne sont l’apanage que d’une très petite minorité, voire d’une minuscule poignée. Et la fortune, c’est beaucoup dire. Je dirais plutôt la possibilité de «vivre de sa plume».
Même un simple regard sur votre travail (entendre ici une critique dans un média) s’avère le parcours du combattant. Et si vous voulez que l’on discute de revenus, j’ai presque envie de rire. Il faut beaucoup de travail parallèle dans les métiers connexes pour gagner sa vie avec l’écriture. Les droits d’auteurs·es dans l’édition traditionnelle sont ridicules, quand on pense que sans l’écrivain·e derrière le livre, rien n’existe. Et nous sommes les derniers à prendre part à l’auge. Alors, il faut autre chose que l’appât du gain pour motiver l’écrivain·e de travailler des mois et des mois, voire des années, pour produire un livre.
Je comprends la grande popularité de l’autoédition ces années-ci. Pourtant, si l’on peut être doués pour l’écriture, ce n’est pas dit que sommeillent également en nous les talents en promotion, marketing, mise en marché, et j’en passe. Sans oublier la mondialisation, l’essor du numérique et la danse des grands joueurs Web de ce monde, nous sommes bien petits ici, au Québec, en français. Alors, que faire?
À l’instar des parents qui lancent à leur progéniture avant un match sportif, Amuse-toi, je vous dirais de prendre possession de l’acte d’écrire et de vous assurer d’y prendre du plaisir. Il y a tellement de beauté, de satisfaction, de dépassement de soi dans chaque étape de la construction d’un bouquin, que j’affirme que tant qu’on n’a pas osé écrire, on ne peut réellement comprendre la magie de l’écriture. Il faut un peu le vivre pour le comprendre.
Pour moi, l’ambition en écriture ne devrait pas être autre chose que le désir de dire et de partager. Si votre foi en votre projet vous anime, alors il est certain que vous trouverez l’énergie, l’enthousiasme, la patience et la persévérance de vous y consacrer sans compter vos heures, comme un projet de vie. Car l’écriture, c’est bien davantage que des mots, c’est une partie de soi qu’on projette dans l’univers en espérant que quelqu’un, ne serait-ce qu’une seule personne, puisse y trouver quelque chose d’essentiel pour comprendre une partie de son chemin à parcourir. Les mots ont un rôle merveilleux dans nos vies. Il suffit de les boire tout doucement et d’en savourer toutes les nuances. Dans votre lecture, puissiez-vous ressentir une petite parcelle du grand bonheur de l’écriture.
Commentaires récents