La correction d’un tapuscrit est laborieuse et inévitable. Il faut donc se donner des façons précises de travailler, des procédures. Je vais donc vous partager ce que mes dernières années d’écriture m’ont appris à cet égard
Tout d’abord, je fais une première relecture du tapuscrit, sans corriger rien, juste en notant ce que je trouve comme modifications à faire, ajouts ou retraits nécessaires, etc. C’est aussi une première étape pour me remémorer toute l’histoire. Ensuite, pendant cette première relecture, je fais un résumé de chacun des chapitres. Et à la fin de cette première relecture, je prépare un synopsis qui m’inspirera pour le quatrième de couverture. Cette première relecture terminée, voici ensuite ma procédure de correction.
1. Le point de vue
Il faut porter attention au point de vue tout le long de l’écriture. Dès le départ de l’écriture, il est impératif de le choisir et de s’y ternir, ne pas en changer en cours de route. L’enthousiasme nous fait parfois oublier les règles les plus élémentaires. C’est donc ma première préoccupation pendant la première relecture. Si le point de vue change en cours de route, je le note dans mes commentaires à retravailler.
2. Procédure modifiée
Quand ma première relecture est terminée, j’inscris tous les points que j’ai notés dans ma relecture et je modifie ma procédure. Je l’adapte avec les nouveaux commentaires de cette première relecture, pour planifier correctement l’étape de ma correction.
3. Les personnages
Dans la prochaine étape, je travaille chacun des personnages. Je m’assure que les descriptions sont homogènes et complètes en faisant une recherche dans l’ensemble du texte. Et dans ma relecture, je survole tout le document en ne suivant qu’un personnage à la fois. Je m’assure également qu’ils aient chacun leur personnalité particulière, leurs tics, patois, façon d’être ou de parler. Comme dans la vraie vie, quoi!
4. Les titres
J’aime beaucoup les titres de chapitre, c’est un gros plus que j’ai appris de Lucie Brodeur, l’éditrice de Les productions luca. Plusieurs écrivains ou éditeurs ne font que les numéroter sans leur donner de titres. Je trouve que ceux-ci ajoutent de la personnalité à l’histoire. Mais il faut toujours s’assurer que les titres ne vendent pas l’intrigue à l’avance. C’est comme les quatrièmes de couverture qui révèlent des éléments clés de l’histoire, brisant du coup totalement l’effet de surprise et du suspense de l’intrigue. Il est essentiel de garder quelques éléments qui motivent à tourner la page suivante de notre livre et à se rendre au bout de l’histoire.
5. Les émotions
J’aime que mes personnages soient vivants et qu’ils aient des émotions réelles. Et la façon dont ils font face à ce qui leur arrive doit aussi correspondre à leur personnalité. Je travaille dès le début soigneusement chacun des personnages. J’ai des fiches personnages très détaillées. Elles ne sont pas toujours remplies en totalité, mais j’y note tout, c’est utile en références pendant l’écriture. Chaque événement doit aussi susciter des émotions diverses (la peur, la joie, la tristesse, la colère, la rage, la méchanceté et la bonté). Tout comme les personnages ne sont pas à 100% bons ou mauvais, il faut nuancer chacune et chacun. Les gens ont tous des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses. Les personnages aussi. La relecture sert à doser ces éléments un peu partout dans l’histoire.
6. Le langage
Considérant l’univers que l’on crée dans notre histoire, le langage de nos personnages doit être conséquent. Qu’un roturier ait un langage châtié ferait grincer bien des dents et l’inverse tout autant. Des expressions existent dans tous les univers, encore faut-il les attribuer aux bons personnages. C’est ce qui donne la crédibilité ou non aux personnages et à l’histoire. Chaque personnage ne parle pas de la même façon, tout comme dans la vraie vie. C’est le temps de leur attribuer des tics, de bonnes ou mauvaises habitudes, des défauts désagréables ou des éléments sympathiques qui colleront à ce qu’ils sont.
7. L’écriture
Dans la relecture, c’est le temps de choisir les bons mots, de traiter des couleurs, des sons, des sensations et des odeurs, de peaufiner les descriptions. Il faut une relecture précise juste pour ça. Après avoir passé chaque chapitre sur le logiciel Antidote pour corriger les fautes, il faut s’attarder sur la syntaxe et l’écriture en général. Les descriptions doivent nous montrer ce qu’on ne peut voir et recréer des atmosphères et des sensations qui nourrissent l’intrigue. Il faut y accorder une attention bien particulière, sans en faire des longueurs à n’en plus finir juste pour le plaisir de prouver qu’on sait bien manier la plume. Une trop longue description peut complètement atteindre le contraire de ce qui est recherché. Si l’auteur.e a bien configuré son logiciel d’Antidote (il faut aller dans les paramètres et choisir ce qu’on veut qu’il nous signale), il aura déjà de très bonnes pistes dans la relecture du texte. Ne pas hésiter à lire à voix haute, les sons entendus doivent être agréables à l’oreille et ne pas être cacophoniques. Un autre truc appris par une collègue de travail, il y a plusieurs années, consiste à lire un paragraphe à l’envers, phrase par phrase, de la dernière à la première, pour ne pas se laisser distraire par l’histoire, mais ne s’attarder qu’au peaufinage de l’écriture et à la recherche des fautes.
8. L’intrigue
S’assurer dans la relecture de noter les conflits et les intrigues secondaires pour vérifier si à la fin on en conclut les éléments. Une intrigue laissée en suspens fait brouillon. Chaque personnage a sa propre vie dans le roman et il doit trouver ses solutions, bonnes ou mauvaises. Mais il faut conclure chacun des conflits soulevés pendant l’histoire. Ou bien, si l’histoire est contenue dans plusieurs livres, il est possible de terminer un tome sur une intrigue non résolue tout en préparant le lecteur pour le prochain livre, mais sans rien oublier des ficelles laissées en suspens.
9. L’incipit et l’excipit
L’incipit (le début d’une histoire) et l’excipit (la fin de l’histoire) doivent être particulièrement travaillés soigneusement. Le début d’un livre doit accrocher le lecteur dès la première page, sinon plusieurs fermeront le livre et n’en liront pas davantage. La fin d’un roman est pour sa part la dernière impression que gardera chacun.e. C’est d’une importance capitale d’y accorder une attention minutieuse. Il existe des centaines de sites qui vous en parleront. Prenez la peine de faire quelques recherches à cet égard. Vous trouverez tout ce qu’il vous faut sur le Web.
10. Votre instinct
En terminant, n’oubliez pas de faire confiance à votre instinct. J’avais des doutes sur des éléments de mon projet en cours, ce qui m’a fait tourner en rond pendant des mois. C’est pourquoi j’ai décidé de consulter Le Pigeon décoiffé. J’avais des questionnements précis, mais aussi une sensation que quelque chose clochait sans être capable d’en pointer la faille. Et bien, chacune de mes questions était judicieuse. Et tous mes doutes et impressions se sont avérés justes. Je dirais que 75% des commentaires étaient ceux que je croyais. Mais je ne me faisais pas confiance. Ce processus m’a confirmé encore plus qu’il est essentiel de se faire confiance. Pour un premier livre, c’est peut-être différent, il faut avoir de la modestie et de l’humilité. Il y a tellement à apprendre. L’écriture est un métier ardu et comprenant de multiples facettes difficiles d’approche. Mais peu à peu, l’auteur.e apprend, repère, soupçonne, comprend et choisit. L’écriture est le plus beau métier du monde. Il faut y croire et se faire confiance.
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Créer un personnage méchant
Dans un roman, il est toujours gagnant d’avoir un personnage sombre ou carrément méchant. Mais de le créer pour qu’il soit intéressant et crédible, c’est une tout autre histoire. En fait, le défi est de créer des personnages ni totalement méchant ni totalement bon. Comme dans la vraie vie quoi! Même si la majorité d’entre nous fait partie de la catégorie des bons, nous avons tous nos moments ou nos coins sombres, pas toujours jolis. Et c’est ce qui fait que chaque personne est complexe, tout comme la vie elle-même.
Alors, si l’on veut créer un personnage méchant, il faut s’y atteler sérieusement. Mais plusieurs auteurs ou sites sur l’écriture en ont traité le sujet et je vous laisse ci-dessous quelques bonnes ressources qui m’ont permis de ne pas trop improviser mes personnages du côté sombre du spectre.
Pour vous en faire un résumé, je dirais que plusieurs éléments peuvent se coller à l’épithète du méchant (ou de la méchante, il va sans dire). Antidote nous donne ces quelques définitions:
Mais plus important encore, pour créer un «bon» méchant, il faut lui trouver de bonnes motivations (crédibles et constantes) tout au long du récit. Et c’est particulièrement en cette matière que le travail de l’écrivain est ardu. Il faut toujours avoir à l’oeil nos notes sur chaque personnage, afin de ne pas arriver par exemple à la page 162 avec un changement de couleur des yeux dans son aspect physique ou lui trouver un sentiment de rancune envers son frère qui arrive ici sans aucune justification. C’est pourquoi je fais des fiches de personnages assez élaborées. Cela me permet également de créer l’entourage, l’histoire de chacun.e de mes personnages. Et quand je précise un aspect de celui-ci, je retourne à cette fiche pour me valider ou pour y ajouter un élément nouveau, si c’est le cas. Et l’histoire personnelle du personnage doit toujours appuyer sa caractérisation. Sinon, c’est ici qu’on perd de la crédibilité dans notre histoire.
Le ressentiment étant le thème du mois de septembre dans ce blogue, je trouve que c’est un aspect du personnage méchant qui donne beaucoup de possibilités dans l’action. C’est quand même un sentiment dense, voire complexe, qui est très intéressant à utiliser dans un roman.
Le Petit Robert me donne ceci comme définition du ressentiment:
«Le fait de se souvenir avec animosité des maux, des torts qu’on a subis (comme si on les «sentait» encore).»
Le ressentiment devient donc un bon levier pour un roman. D’abord, parce que c’est un sentiment qui est vaste et qui percole pour plein de gens. On peut donc facilement s’identifier, comme lecteur.trice, à un tel personnage. Qui n’a pas quelque chose dans son passé qui le rend amer? Qui n’a pas encore quelques crottes de son enfance qui le fait avaler un peu de travers quand il ou elle y repense? Le ressentiment permet aussi de traiter de la souffrance dans la trame d’une histoire sombre. Derrière des actions méchantes se cache souvent le ressentiment d’un personnage face à une injustice vécue.
Par conséquent, un personnage qui nourrit du ressentiment donnera toujours une intrigue riche, justifiant des rebondissements inattendus et crédibles. Et qui dit de bons personnages avec des interrelations diversifiées, dit tenir la recette gagnante pour créer une bonne histoire.
Je vous donne ci-dessous quelques ressources sur internet, avec le thème: Comment créer un personnage méchant? Plusieurs de ces ressources m’ont vraiment servie depuis quelques années.
Ressources sur « Créer un personnage méchant »
https://narrationetcafeine.fr/comment-creer-un-mechant/
https://fr.wikihow.com/créer-un-méchant-de-fiction-crédible
https://www.laparentheseimaginaire.com/ecriture/ecriture-comment-creer-un-mechant-credible
https://ecrire-et-etre-lu.com/comment-creer-un-bon-mechant/
https://www.edilivre.com/comment-creer-un-bon-mechant-dans-un-recit/https://www.dominicbellavance.com/mechants-realistes-roman/
http://www.auxpetitsmots.com/2014/07/comment-creer-un-bon-personnage-mechant/
https://samueldelage.com/comment-creer-un-mechant-en-fiction-les-secrets-de-creation/https://lecoinfantasy.com/comment-creer-un-mechant-pour-son-intrigue/https://julienhirtauteur.com/2018/03/14/lantagoniste/
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Catégorie:
Écriture, Comment écrire un roman, Personnage
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