L'écriture, c'est la liberté de sélectionner les mots. De choisir le quoi, le où, le pourquoi et le comment. Libre de choisir.

Depuis que j’écris, je suis fière de mon parcours. Il est modeste, honnête et sans prétention. Je vous l’ai dit souvent, je viens d’un milieu ouvrier dont je suis extrêmement fière. Parce que dans ce milieu, il n’y a pas de tape-à-l’œil. Quand tu ne sais pas toujours si tu peux faire une épicerie ou si tu peux payer la franchise de ton médicament nécessaire à ta santé, tu es dans l’essentiel, le brut, sans envolée intellectuelle. Et cette triste réalité te laisse les deux pieds bien sur terre. 

People inspiration and never giving up concept

La fierté qui m’habite concernant mon écriture, c’est de toujours avoir essayé de garder mes origines bien en tête quand j’écris. Avoir besoin de rêver ? Assurément. Mais aussi d’avoir la certitude que l’on peut croire à ses rêves. Ils sont peut-être lointains, difficiles à atteindre, mais il faut croire qu’ils sont réalisables. Et c’est encore plus difficile pour les femmes, comme si l’humilité absolue était obligatoire au féminin, et que la fierté n’était pas concevable pour les femmes. Il faut donc travailler encore plus fort quand l’on naît femme pour avoir le droit de se féliciter et d’être fière de soi. Par conséquent, ce texte, à partir d’ici, s’adressera aux femmes, en l’écrivant principalement au féminin.

Il est parfois très difficile d’être fière de soi, de ne pas toujours s’y sentir autorisée. Tout simplement, parce que la tradition judéo-chrétienne nous dit que la fierté, c’est de l’orgueil, de la vantardise, de la vanité. Mais dans l’orgueil, il y a aussi beaucoup de positif : la bravoure, le courage de se tenir debout et de faire face à la tempête. Il y a de la dignité et un grand respect de soi dans l’orgueil. Alors, même si la fierté est synonyme d’orgueil, cette fierté, elle est légitime. Ce contentement de soi quand on a fait un bon coup, quand on a réussi, quand on arrive au bout d’un chemin ardu, il est parfaitement mérité. C’est sain d’en être contente, satisfaite et de le savourer pleinement. L’important, c’est que chacun et chacune puisse choisir sa façon de traverser la vie autrement, avec plaisir et satisfaction. 

Dans ma vie, plusieurs livres m’ont apporté les questions ou les réponses que j’attendais, des traces de solutions dans mon cheminement. Beaucoup de livres que j’ai lus dans ma vie ont fait une différence pour moi. D’ailleurs, vous pouvez en connaître quelques-uns ici.

Depuis 2015, début de mon projet réel d’écriture, je souhaite qu’un de mes livres, par son contenu, puisse aider mes lecteurs et mes lectrices dans leur vie, ne serait-ce qu’une seule et unique personne. Si c’est le cas, j’aurai réussi et rempli ma mission. 

Alors, comment écrire la fierté ? Je n’ai pas de réponse absolue. Mais, on peut y arriver d’abord si la vie nous rend fiers de nous-mêmes et du parcours dans lequel l’on chemine. Chaque mot apporte son lot d’émotions et de sensations, un peu comme chaque histoire de vie. Et l’écriture en devient témoin, jour après jour, un mot à la fois. 

Dans un roman, il est toujours gagnant d’avoir un personnage sombre ou carrément méchant. Mais de le créer pour qu’il soit intéressant et crédible, c’est une tout autre histoire. En fait, le défi est de créer des personnages ni totalement méchant ni totalement bon. Comme dans la vraie vie quoi! Même si la majorité d’entre nous fait partie de la catégorie des bons, nous avons tous nos moments ou nos coins sombres, pas toujours jolis. Et c’est ce qui fait que chaque personne est complexe, tout comme la vie elle-même.

Alors, si l’on veut créer un personnage méchant, il faut s’y atteler sérieusement. Mais plusieurs auteurs ou sites sur l’écriture en ont traité le sujet et je vous laisse ci-dessous quelques bonnes ressources qui m’ont permis de ne pas trop improviser mes personnages du côté sombre du spectre.

Pour vous en faire un résumé, je dirais que plusieurs éléments peuvent se coller à l’épithète du méchant (ou de la méchante, il va sans dire). Antidote nous donne ces quelques définitions:

«Qui ne se conduit pas bien; personne qui calomnie ou qui médit sans hésitation; qui cause des ennuis graves; qui se plait à nuire aux autres, à faire du mal; qui peut être inquiétant, dangereux; qui exprime la haine.» Et comme synonymes de méchant:  hargneux, hostile, sombre, sinistre, perfide, malveillant, mauvais, menaçant, cruel, pervers.»

Mais plus important encore, pour créer un «bon» méchant, il faut lui trouver de bonnes motivations (crédibles et constantes) tout au long du récit. Et c’est particulièrement en cette matière que le travail de l’écrivain est ardu. Il faut toujours avoir à l’oeil nos notes sur chaque personnage, afin de ne pas arriver par exemple à la page 162 avec un changement de couleur des yeux dans son aspect physique ou lui trouver un sentiment de rancune envers son frère qui arrive ici sans aucune justification. C’est pourquoi je fais des fiches de personnages assez élaborées. Cela me permet également de créer l’entourage, l’histoire de chacun.e de mes personnages. Et quand je précise un aspect de celui-ci, je retourne à cette fiche pour me valider ou pour y ajouter un élément nouveau, si c’est le cas. Et l’histoire personnelle du personnage doit toujours appuyer sa caractérisation. Sinon, c’est ici qu’on perd de la crédibilité dans notre histoire.

Le ressentiment étant le thème du mois de septembre dans ce blogue, je trouve que c’est un aspect du personnage méchant qui donne beaucoup de possibilités dans l’action. C’est quand même un sentiment dense, voire complexe, qui est très intéressant à utiliser dans un roman. 

Le Petit Robert me donne ceci comme définition du ressentiment:

«Le fait de se souvenir avec animosité des maux, des torts qu’on a subis (comme si on les «sentait» encore).» 

Le ressentiment devient donc un bon levier pour un roman. D’abord, parce que c’est un sentiment qui est vaste et qui percole pour plein de gens. On peut donc facilement s’identifier, comme lecteur.trice, à un tel personnage. Qui n’a pas quelque chose dans son passé qui le rend amer? Qui n’a pas encore quelques crottes de son enfance qui le fait avaler un peu de travers quand il ou elle y repense? Le ressentiment permet aussi de traiter de la souffrance dans la trame d’une histoire sombre. Derrière des actions méchantes se cache souvent le ressentiment d’un personnage face à une injustice vécue.  

Par conséquent, un personnage qui nourrit du ressentiment donnera toujours une intrigue riche, justifiant des rebondissements inattendus et crédibles. Et qui dit de bons personnages avec des interrelations diversifiées, dit tenir la recette gagnante pour créer une bonne histoire.

Je vous donne ci-dessous quelques ressources sur internet, avec le thème: Comment créer un personnage méchant? Plusieurs de ces ressources m’ont vraiment servie depuis quelques années.

Ressources sur « Créer un personnage méchant »
https://narrationetcafeine.fr/comment-creer-un-mechant/
https://fr.wikihow.com/créer-un-méchant-de-fiction-crédible
https://www.laparentheseimaginaire.com/ecriture/ecriture-comment-creer-un-mechant-credible
https://ecrire-et-etre-lu.com/comment-creer-un-bon-mechant/
https://www.edilivre.com/comment-creer-un-bon-mechant-dans-un-recit/https://www.dominicbellavance.com/mechants-realistes-roman/
http://www.auxpetitsmots.com/2014/07/comment-creer-un-bon-personnage-mechant/
https://samueldelage.com/comment-creer-un-mechant-en-fiction-les-secrets-de-creation/https://lecoinfantasy.com/comment-creer-un-mechant-pour-son-intrigue/https://julienhirtauteur.com/2018/03/14/lantagoniste/

La correction d’un tapuscrit est laborieuse et inévitable. Il faut donc se donner des façons précises de travailler, des procédures. Je vais donc vous partager ce que mes dernières années d’écriture m’ont appris à cet égard

Tout d’abord, je fais une première relecture du tapuscrit, sans corriger rien, juste en notant ce que je trouve comme modifications à faire, ajouts ou retraits nécessaires, etc. C’est aussi une première étape pour me remémorer toute l’histoire. Ensuite, pendant cette première relecture, je fais un résumé de chacun des chapitres. Et à la fin de cette première relecture, je prépare un synopsis qui m’inspirera pour le quatrième de couverture. Cette première relecture terminée, voici ensuite ma procédure de correction.

1. Le point de vue
Il faut porter attention au point de vue tout le long de l’écriture. Dès le départ de l’écriture, il est impératif de le choisir et de s’y ternir, ne pas en changer en cours de route. L’enthousiasme nous fait parfois oublier les règles les plus élémentaires. C’est donc ma première préoccupation pendant la première relecture. Si le point de vue change en cours de route, je le note dans mes commentaires à retravailler.

2. Procédure modifiée
Quand ma première relecture est terminée, j’inscris tous les points que j’ai notés dans ma relecture et je modifie ma procédure. Je l’adapte avec les nouveaux commentaires de cette première relecture, pour planifier correctement l’étape de ma correction.

3. Les personnages
Dans la prochaine étape, je travaille chacun des personnages. Je m’assure que les descriptions sont homogènes et complètes en faisant une recherche dans l’ensemble du texte. Et dans ma relecture, je survole tout le document en ne suivant qu’un personnage à la fois. Je m’assure également qu’ils aient chacun leur personnalité particulière, leurs tics, patois, façon d’être ou de parler. Comme dans la vraie vie, quoi!

4. Les titres
J’aime beaucoup les titres de chapitre, c’est un gros plus que j’ai appris de Lucie Brodeur, l’éditrice de Les productions luca. Plusieurs écrivains ou éditeurs ne font que les numéroter sans leur donner de titres. Je trouve que ceux-ci ajoutent de la personnalité à l’histoire. Mais il faut toujours s’assurer que les titres ne vendent pas l’intrigue à l’avance. C’est comme les quatrièmes de couverture qui révèlent des éléments clés de l’histoire, brisant du coup totalement l’effet de surprise et du suspense de l’intrigue. Il est essentiel de garder quelques éléments qui motivent à tourner la page suivante de notre livre et à se rendre au bout de l’histoire.

5. Les émotions
J’aime que mes personnages soient vivants et qu’ils aient des émotions réelles. Et la façon dont ils font face à ce qui leur arrive doit aussi correspondre à leur personnalité. Je travaille dès le début soigneusement chacun des personnages. J’ai des fiches personnages très détaillées. Elles ne sont pas toujours remplies en totalité, mais j’y note tout, c’est utile en références pendant l’écriture. Chaque événement doit aussi susciter des émotions diverses (la peur, la joie, la tristesse, la colère, la rage, la méchanceté et la bonté). Tout comme les personnages ne sont pas à 100% bons ou mauvais, il faut nuancer chacune et chacun. Les gens ont tous des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses. Les personnages aussi. La relecture sert à doser ces éléments un peu partout dans l’histoire.

6. Le langage
Considérant l’univers que l’on crée dans notre histoire, le langage de nos personnages doit être conséquent. Qu’un roturier ait un langage châtié ferait grincer bien des dents et l’inverse tout autant. Des expressions existent dans tous les univers, encore faut-il les attribuer aux bons personnages. C’est ce qui donne la crédibilité ou non aux personnages et à l’histoire. Chaque personnage ne parle pas de la même façon, tout comme dans la vraie vie. C’est le temps de leur attribuer des tics, de bonnes ou mauvaises habitudes, des défauts désagréables ou des éléments sympathiques qui colleront à ce qu’ils sont.

7. L’écriture
Dans la relecture, c’est le temps de choisir les bons mots, de traiter des couleurs, des sons, des sensations et des odeurs, de peaufiner les descriptions. Il faut une relecture précise juste pour ça. Après avoir passé chaque chapitre sur le logiciel Antidote pour corriger les fautes, il faut s’attarder sur la syntaxe et l’écriture en général. Les descriptions doivent nous montrer ce qu’on ne peut voir et recréer des atmosphères et des sensations qui nourrissent l’intrigue. Il faut y accorder une attention bien particulière, sans en faire des longueurs à n’en plus finir juste pour le plaisir de prouver qu’on sait bien manier la plume. Une trop longue description peut complètement atteindre le contraire de ce qui est recherché. Si l’auteur.e a bien configuré son logiciel d’Antidote (il faut aller dans les paramètres et choisir ce qu’on veut qu’il nous signale), il aura déjà de très bonnes pistes dans la relecture du texte. Ne pas hésiter à lire à voix haute, les sons entendus doivent être agréables à l’oreille et ne pas être cacophoniques. Un autre truc appris par une collègue de travail, il y a plusieurs années,  consiste à lire un paragraphe à l’envers, phrase par phrase, de la dernière à la première, pour ne pas se laisser distraire par l’histoire, mais ne s’attarder qu’au peaufinage de l’écriture et à la recherche des fautes. 

8. L’intrigue
S’assurer dans la relecture de noter les conflits et les intrigues secondaires pour vérifier si à la fin on en conclut les éléments. Une intrigue laissée en suspens fait brouillon. Chaque personnage a sa propre vie dans le roman et il doit trouver ses solutions, bonnes ou mauvaises. Mais il faut conclure chacun des conflits soulevés pendant l’histoire. Ou bien, si l’histoire est contenue dans plusieurs livres, il est possible de terminer un tome sur une intrigue non résolue tout en préparant le lecteur pour le prochain livre, mais sans rien oublier des ficelles laissées en suspens.

9. L’incipit et l’excipit
L’incipit (le début d’une histoire) et l’excipit (la fin de l’histoire) doivent être particulièrement travaillés soigneusement. Le début d’un livre doit accrocher le lecteur dès la première page, sinon plusieurs fermeront le livre et n’en liront pas davantage. La fin d’un roman est pour sa part la dernière impression que gardera chacun.e. C’est d’une importance capitale d’y accorder une attention minutieuse. Il existe des centaines de sites qui vous en parleront. Prenez la peine de faire quelques recherches à cet égard. Vous trouverez tout ce qu’il vous faut sur le Web.

10. Votre instinct
En terminant, n’oubliez pas de faire confiance à votre instinct. J’avais des doutes sur des éléments de mon projet en cours, ce qui m’a fait tourner en rond pendant des mois. C’est pourquoi j’ai décidé de consulter Le Pigeon décoiffé. J’avais des questionnements précis, mais aussi une sensation que quelque chose clochait sans être capable d’en pointer la faille. Et bien, chacune de mes questions était judicieuse. Et tous mes doutes et impressions se sont avérés justes. Je dirais que 75% des commentaires étaient ceux que je croyais. Mais je ne me faisais pas confiance. Ce processus m’a confirmé encore plus qu’il est essentiel de se faire confiance. Pour un premier livre, c’est peut-être différent, il faut avoir de la modestie et de l’humilité. Il y a tellement à apprendre. L’écriture est un métier ardu et comprenant de multiples facettes difficiles d’approche. Mais peu à peu, l’auteur.e apprend, repère, soupçonne, comprend et choisit. L’écriture est le plus beau métier du monde. Il faut y croire et se faire confiance.

Je suis de la génération qui a été élevée en croyant qu’il est prétentieux de se vanter, de parler de ses talents, de croire en ses forces et ses aptitudes. Il fallait mettre les autres en avant, se tenir en arrière. Et pour les femmes, on peut multiplier par 10 ou 100 l’ensemble de l’opération. Alors, quand je veux parler de mes livres et de mon désir d’auteure, j’ai toujours un grand complexe d’imposture et j’ai bien « de la misèèèèèèèèère, oh calvaire », comme le dit si bien la chanson de La Chicane. 

Alors le simple fait de vouloir écrire un article sur des trucs pour se prendre au sérieux, j’ai l’impression, encore aujourd’hui, de le faire un petit peu pour me convaincre moi-même. Malgré tout, j’ose et je plonge, car si j’ai eu le courage de créer ce blogue et de faire publier cinq livres, et c’est véritablement le cas, alors je peux bien me prendre un peu au sérieux. 

Si l’on a décidé d’avoir le courage et la persévérance pour écrire un livre et de se rendre jusqu’à l’étape de la vente, c’est qu’il faut se prendre au sérieux et terminer le processus. Alors, dès le début et peu à peu, il faut apprendre, par soi-même, à croire à toutes nos possibilités, à le faire uniquement pour soi et à oser, comme moi, maintenant. 

Alors les cinq trucs pour se prendre au sérieux sont: 

  1. Bannir les JE-NE
  2. Oser
  3. Prendre le temps
  4. Une étape à la fois
  5. Souriez, la vie est belle!

Truc no 1 — Bannir les JE-NE, et ce, à tout jamais de notre vie. Je n’ose pas, je ne peux pas, je ne pense pas que j’y arriverai, je ne me sens pas prête… OUT!

Truc no 2 — Oser. Arrêter de croire qu’il faut trouver la méthode, la façon de faire, le meilleur moyen d’y arriver. Si vous êtes là, maintenant, c’est qu’il y a eu du passé dans votre vie, que vous avez fait des choses qui ont réussi et il ne faut que regarder ces belles choses, vous féliciter d’être arrivé là où vous êtes maintenant et il faut oser le faire à votre manière. Gilles Vigneault a dit: « Tout a été dit, sauf par moi. » Alors, je le paraphrase et vous dis: tout a été fait, sauf de votre manière. Alors, osez. Lancez-vous! Au pire, comme dit l’autre, ça ne marchera pas et personne n’en mourra. Il suffira de recommencer, autrement. 

Truc no 3 — Prendre le temps. Dans le monde où nous vivons en 2020, il faut presque avoir fini les choses avant de les commencer. Nous sommes dans un cycle d’instantanéité. Si l’on texte un ami pour lui demander quelque chose et que dans les 10 minutes, il n’a pas répondu, on est prêt à appeler le 911. On se calme! Respirons un peu par le nez. Prenons le temps de faire les choses.

Truc no 4 — Une étape à la fois. Une belle façon de s’assurer de se rendre au bout de quelque chose, c’est bien de commencer par décortiquer la tâche et d’y aller une étape à la fois. Si l’on prend le processus dans l’ordre, doucement, tout s’imbriquera parfaitement. Et vous arrêterez de stresser pour rien.

Truc no 5 — Souriez, la vie est belle! Écrire, c’est aussi un métier. Il y a des normes, des procédures et des règles souvent très rigoureuses. Et il faut y aller dans l’ordre, essayant de faire de son mieux, dans le temps qui nous est imparti. Quand nous sommes au boulot, le travail s’accumule aussi dans l’agenda. Pourtant, à la fin de la journée, on ferme le tout pour retourner à la maison, même s’il reste encore du travail. Alors, en écriture, on se doit de faire pareil! On ne peut pas tout écrire d’un seul coup. Prenez note de vos idées, si elles vous fatiguent, mais il ne faut jamais oublier qu’il y a la vie, les amis, la famille. Il faut aussi vivre si l’on veut bien écrire. 

Alors oui, il faut se prendre au sérieux. C’est toujours le cas, dans toutes les situations de la vie, pour réussir quelque chose, il faut y croire. Et pour y croire, on doit prendre la situation au sérieux. Idem pour l’écriture. Cesser de croire que seuls les grands ont le droit d’écrire. Beaucoup de grands, qui ont écrit de belles et grandes œuvres, ne sont pas lus. Il faut être crédibles pour donner le gout de lire aux lecteurs. Et plusieurs écrivains lancent de pompeuses maximes tellement obscures qu’on a peine à les comprendre. J’ai omis de terminer des dizaines de livres classiques parce qu’ils m’ennuyaient royalement. Et n’en déplaise aux critiques ou aux grands pontes de la littérature qui déclarent qu’on doit tous les lire avec respect, je leur dis: « Je lirai ce qui m’émeut, m’atteint, me parle. Et j’ai le ferme désir d’écrire de la même façon. »

Livre papier ou numérique?

Dans ma vie, les livres sont magiques, ils me font plaisir, m’éduquent, me rassurent, me fournissent des outils pour mieux réaliser ma petite part dans ce monde. Je ne pourrais m’en passer, d’aucune façon. Mais ces jours-ci, alors que la jeunesse du monde se lève avec Greta Thunberg pour nous semoncer d’agir pour les changements climatiques et que l’environnement est enfin une préoccupation pour quelques-uns d’entre nous, il faut avoir l’honnêteté de nous interroger sur les effets de l’édition des livres sur nos arbres, notre eau, notre empreinte carbone. Et faire le cheminement équivalent pour l’édition numérique. Donc, doit-on opter pour le livre papier ou le livre numérique? Ma question vise évidemment à choisir le meilleur rendement pour notre planète.

On peut avoir des préférences. On peut opter pour l’un ou pour l’autre, pour différentes raisons. Mais, je suis désolée de vous apprendre qu’il est extrêmement difficile de trancher et de déterminer quel genre est le plus écologique et le meilleur pour l’environnement. Car il faut évaluer énormément de facteurs. Pour la version papier, on pense au bois et à la déforestation comme premier élément et c’est souvent le seul pris en considération. C’est bien d’y penser, mais trop souvent, l’on tranche avec ce seul facteur en tête. Il faut aussi évaluer l’impact sur l’eau, sur les terres arabes, l’empreinte carbone et parallèlement faire la même analyse pour les livres numériques. Plusieurs auteurs ont déjà fait ce travail, particulièrement cet article, sur le site de Consoglobe qui est très complet. Même s’il est paru en 2015, il reste encore d’actualité, car le souci d’éliminer les dangers écologiques n’est pas vraiment planétaire et les actions notables pour en diminuer les impacts ne sont pas légion. Et c’est peu dire! Allez y jeter un coup d’œil: https://www.consoglobe.com/livre-papier-vs-livre-numerique-lequel-est-le-plus-ecolo-cg/3.

D’un autre côté, ce n’est pas parce que c’est numérique que l’on peut avoir la conscience tranquille. Il y a de forts dommages faits à l’environnement à cause des minerais rares nécessaires à la fabrication des liseuses et des tablettes électroniques. La durée de vie très limitée de ces appareils permettant la lecture des ebooks est le talon d’Achille du genre.

Alors, finalement, livre papier ou livre numérique? Je crois que l’un et l’autre sont tout aussi dommageables pour l’environnement, en l’état actuel des choses. Alors, autant choisir ce qui nous plait. Cécile Neuville, sur son site « Des livres pour évoluer » fait une comparaison très juste et objective entre les deux genres. Je vous invite à y faire une petite visite: http://des-livres-pour-evoluer.com/livre-numerique-ou-livre-papier/.

Les livres ont toujours accompagné mon quotidien, d’aussi loin que je me souvienne. Je me sens riche quand j’achète un livre et que je commence à le lire. Il m’appartient et je m’y insère dedans avec délices. Je n’ai jamais ressenti ce phénomène quand j’empruntais des livres à la bibliothèque. Je ne regrette pas les années où il m’était impossible de me payer les livres que j’aurais voulus, car j’avais la possibilité de me les procurer à la bibliothèque municipale. Mais le privilège d’avoir en mains un livre qui m’appartienne me procurait (et me procure encore) une satisfaction sans bornes. Jamais aucun autre achat ne m’a procuré un tel sentiment de pérennité, de plénitude, de pur bonheur qu’un livre.

Et qu’importe la façon dont vous ferez vos lectures et le format que vous utiliserez, continuez à lire, tout au long de votre vie. Il n’y a pas de meilleur moyen de traverser le temps. Pour ma part, le livre est mon meilleur ami. Il est toujours bienveillant, il m’apporte toujours quelque chose de plus dans ma façon d’estimer la valeur de la vie, il agrémente mon quotidien, il m’amène à des voyages merveilleux et des rencontres amusantes, surprenantes, enrichissantes. Longue vie aux livres papier, numériques et audios. Et profitez-en, sans compter.

Pour écrire un mot

Écrire

Dessin au crayon de ma fille Caroline Tremblay à l’âge de 16 ans.

L’écriture, c’est la liberté de sélectionner les mots. De choisir le quoi, le où, le pourquoi et le comment. Libre de choisir.

Écrire. Écrire un mot. Pour choisir d’écrire un mot. Pour l’écriture. Pour les mots. Pour comprendre. Pour l’étude des mots. Pour se laisser bercer. Pour le sens de ce qui arrive aux mots dans leur exploration de la vie. Pour se laisser surprendre. Pour que les mots nous habitent, nous façonnent, nous surprennent. Pour l’étude de l’écriture. Le jour. La nuit. L’été comme l’hiver. Pour donner. Pour me choisir. Pour donner un sens à ma vie.

Et c’est alors que s’inscrivent toutes les découvertes des lettres, des sveltes consonnes et des mots effilés ou grossiers. Les mots pleins de rondeurs ou les lettres tout en hauteur, snobant les émotions, appelant le questionnement ou l’interrogation. Les mots, les phrases, les découvertes en paragraphe, en page ou en chapitre. Et tout se suit, se poursuit, jour après jour, mot après mot.

Pour l’écriture. Pour l’écritude. L’étude de l’écriture. L’analyse des mots. L’espoir du devenir, du sens, des sens. Et l’écriture se pomponne, s’endimanche et ose dire l’histoire avant tout. L’écrivaillon devenant coquet, les mots se coiffent de beauté, de saveur, de tendresse. Chaque rencontre devient l’intrigue. Qui se tisse serrée entre le vrai et l’inventé, entre le beau et le détestable. Un sourire, un rictus, un éclat de rire, un sanglot feutré. Tout peut s’y complaire ou exaspérer. Tout devient vrai ou complètement faux. Tout peut arriver et créer la joie, la surprise, la haine ou la peur. Et c’est avec les mots, les gens, les lieux et les sens que tout se transforme en soi et devant soi. La rencontre évolue et se marie dans une explosion de devenirs: réel, étrange, souhaité, attendu.

L’histoire s’est épanouie, ouvrant ses ailes librement, vers une rencontre unique, la seule qui nourrit la plume, la plus intime et la plus vraie: celle du lecteur, de la lectrice avec les mots. Ce mariage d’amour qui permet la joie. Cette union de vie qui permet l’union du lire et de l’écrire, cette écritude choisie dans l’amour et la folie, le plaisir et la gaité, le contentement de toujours trouver les mots qui nous parlent, nous émeuvent et nous suffisent. Dans le lire. Comme dans l’écriture. Aujourd’hui. Demain. Et toujours.

LAISSEZ MOI UN COMMENTAIRE…

(Par ordre de découverte)

Lire est pour moi une besoin vital, une façon de ressentir la vie par toutes les perspectives possibles. Écrire est essentiel pour moi mais lire fait partie de mon quotidien. Quelques jours sans côtoyer un autre auteur me rend triste, assoiffée, incomplète. Lire fait partie de l’air que je respire. Lire est nécessaire à mon accomplissement et ma sérénité. Je vous partage donc mes plus grandes découvertes et mes lectures sacrées.

Bonheur d’occasion de Gabrielle ROY. À 17 ans, j’y ai reconnu ma classe sociale et j’y ai compris toute sa noblesse et sa grandeur.

Pieds nus dans l’aube de Félix LECLERC. Mon premier vrai contact avec la poésie et quelle poésie! On y ressent plus que des émotions, on y découvre bien davantage que des valeurs. On sent, on entend, on voit tout ce que Félix nous dévoile. Un maître pour tous les auteurs.

Shogun de James CLAVEL. Pour son exotisme, sa richesse, sa beauté, son authenticité. Pour ses valeurs d’honneur et de grand respect. Pour une belle découverte de l’histoire du Japon.

Jonathan Lévingston Le Goéland de Richard BACH. Pour sa grande liberté, autant dans l’écriture que dans le propos.

L’homme rapaillé de Gaston MIRON. Pour l’amour et le respect de l’Homme et du pays et sa grande beauté littéraire.

L’euguélionne de Louky BERSIANIK. Pour sa densité dans la vérité et son grand humour. Pour l’éveil en moi du sens d’être femme. Pour les centaines d’heures merveilleuses de discussions que ce livre a provoquées entre mon amie et moi.

Le pouvoir? Connais pas! de Lise PAYETTE. Pour mon éveil politique et surtout pour la politique québécoise fait réellement au féminin et la véritable sociale démocratie.

Harry Potter, la série de J. K. ROWLING. Pour sa belle folie, son originalité et pour le « peut-être ».

L’épée de vérité Série fantasy de Terry GOODKIND. Pour son extraordinaire philosophie de vie et sa grande sagesse. Après plusieurs années, je suis encore émue à relire certains extraits.

Le siècle, trilogie de Ken FOLLET. Pour sa modernité, pour la grandeur mais aussi la petitesse du monde contemporain qu’on y découvre. Mais surtout, pour la justesse de son analyse humaine.

IQ 84 de Haruki MURAKAMI. Pour la beauté et le grand plaisir de se laisser habiter par les personnages et leur vision étrange. Pour son écriture inusité et déstabilisante. Mon coup de coeur des dernières années à titre d’auteure.

Pour que tienne la terre de Dominique DEMERS. Pour la beauté qu’on y retrouve, sa pleine tendresse, son grand discours du silence. Des personnages plus grands que nature. Cette plume m’a profondément touchée et réconciliée avec la race humaine. Ces mots m’ont habitée pendant plusieurs semaines. De la grande littérature québécoise.

La Malbaie, Juin 2017

Bonne année 2024!

Pour la nouvelle année qui s’annonce, malgré l’incertitude mondiale, regardons vers la beauté et la splendeur de l’univers. Je nous souhaite beaucoup de bienveillance, de la paix à profusion et de la sérénité à partager. En mémoire de tous ceux et celles qui ont osé, à votre tour, accomplissez votre rêve. Que souhaiter de mieux pour l’année 2024!

Oubliez l’ambition

La première définition que nous donne Antidote de l’ambition est celle-ci: «Recherche ardente de la réussite, du pouvoir, des honneurs, de la fortune.» Mais Christophe Hilmoine nous donne plutôt celle-ci: «La bonne ambition est celle qui vous donne la force d’avancer, de vous dépasser dans votre travail avec patience et persévérance.» J’avoue très sincèrement que cette deuxième définition me satisfait davantage. Car l’ambition devrait simplement se définir face à soi-même.

Tout d’abord, je ne pense pas que le milieu de la littérature s’offusquera parce que j’affirme que l’écriture est difficile. L’adage dit : 5% de talent, 95% de sueurs. Oui, l’écriture est difficile, laborieuse et complexe, mais aussi fascinante. L’essentiel est d’avoir la passion des mots, de partager notre façon de voir, de sentir et de ressentir les éléments et les beautés de la vie, tout autant que ses tristesses, ses invraisemblances et ses cruautés. Mais d’avoir comme défi de partager notre monde, notre univers, nos personnages bien-aimés et leurs aventures, c’est la mission la plus folle et la plus belle que l’on puisse rêver de vivre.

Mais il faut avoir le gout de s’y plonger, et ce, d’abord pour soi-même. C’est un peu cliché, me direz-vous. Peut-être, mais c’est tellement vrai. L’acte d’écrire est teinté d’une grande solitude, alors l’auteur·e s’oriente dangereusement vers un échec et une grande déception s’il·elle croit y arriver tout simplement en écrivant un livre. Car la gloire et la fortune, particulièrement au Québec, ne sont l’apanage que d’une très petite minorité, voire d’une minuscule poignée. Et la fortune, c’est beaucoup dire. Je dirais plutôt la possibilité de «vivre de sa plume».

Même un simple regard sur votre travail (entendre ici une critique dans un média) s’avère le parcours du combattant. Et si vous voulez que l’on discute de revenus, j’ai presque envie de rire. Il faut beaucoup de travail parallèle dans les métiers connexes pour gagner sa vie avec l’écriture. Les droits d’auteurs·es dans l’édition traditionnelle sont ridicules, quand on pense que sans l’écrivain·e derrière le livre, rien n’existe. Et nous sommes les derniers à prendre part à l’auge. Alors, il faut autre chose que l’appât du gain pour motiver l’écrivain·e de travailler des mois et des mois, voire des années, pour produire un livre. 

Je comprends la grande popularité de l’autoédition ces années-ci. Pourtant, si l’on peut être doués pour l’écriture, ce n’est pas dit que sommeillent également en nous les talents en promotion, marketing, mise en marché, et j’en passe. Sans oublier la mondialisation, l’essor du numérique et la danse des grands joueurs Web de ce monde, nous sommes bien petits ici, au Québec, en français. Alors, que faire?

À l’instar des parents qui lancent à leur progéniture avant un match sportif, Amuse-toi, je vous dirais de prendre possession de l’acte d’écrire et de vous assurer d’y prendre du plaisir. Il y a tellement de beauté, de satisfaction, de dépassement de soi dans chaque étape de la construction d’un bouquin, que j’affirme que tant qu’on n’a pas osé écrire, on ne peut réellement comprendre la magie de l’écriture. Il faut un peu le vivre pour le comprendre. 

Pour moi, l’ambition en écriture ne devrait pas être autre chose que le désir de dire et de partager. Si votre foi en votre projet vous anime, alors il est certain que vous trouverez l’énergie, l’enthousiasme, la patience et la persévérance de vous y consacrer sans compter vos heures, comme un projet de vie. Car l’écriture, c’est bien davantage que des mots, c’est une partie de soi qu’on projette dans l’univers en espérant que quelqu’un, ne serait-ce qu’une seule personne, puisse y trouver quelque chose d’essentiel pour comprendre une partie de son chemin à parcourir. Les mots ont un rôle merveilleux dans nos vies. Il suffit de les boire tout doucement et d’en savourer toutes les nuances. Dans votre lecture, puissiez-vous ressentir une petite parcelle du grand bonheur de l’écriture.

La rigidité

Ce mois-ci, j’ai envie de vous parler de rigidité. Antidote m’en donne la définition suivante: «Fait de résister aux déformations, manque de souplesse.»

En écriture, la rigidité n’est pas vraiment souhaitable, puisqu’elle nous oblige à un horizon blanc ou noir. Alors que l’écriture est tout en nuances. La seule rigidité qui me semble acceptable en écriture c’est la rigidité de la rigueur. 

Se parer de persévérance, c’est souhaitable et même nécessaire. Mais à l’excès, cette qualité devient de la rigidité, un manque de flexibilité. Et il en faut de la souplesse, tout le long d’un processus d’écriture, car tout peut basculer en un rien de temps. Quand on se bute sur des incongruités, des oppositions de sens, des incohérences, il faut agir et décider, prendre position, opter pour un personnage ou une action et délaisser les autres options. Alors, la rigueur des règles est nécessaire, elle devient une balise, un processus de décision. Mais la rigidité est à proscrire. Elle peut tuer l’imagination, l’originalité et nos propres découvertes en processus d’écriture. 

Alors, doit-on suivre les règles ou les enfreindre? Et nous revoilà encore en noir ou blanc. Si l’on suit scrupuleusement les règles, on peut qualifier notre écriture de banale, commune, conformiste et j’en passe. Et si l’on enfreint les règles, c’est souvent le refus du monde de l’édition et la désertion du lectorat. Prenons l’exemple d’un manuscrit sans structure, où des pages entières sont sans paragraphes. Personnellement, j’en ai horreur et je perds le gout de lire. J’ai l’impression qu’on ne me donne plus la possibilité de souffler. J’ai toujours appris: «Une idée, un paragraphe». Et pourtant, des auteurs reconnus ont écrit des livres entiers sans paragraphes. J’ai le gout de penser qu’il y a autant de réponses que d’utilisateurs.trices de la langue. Et le rôle de l’auteur.e, c’est d’abord et avant tout de raconter une histoire. Par conséquent, de faire oublier les règles. Et c’est là que réside le défi. 

Personnellement, ma délinquance se situe au niveau du vocabulaire. J’aime utiliser des mots québécois qui sont savoureux et chantants. Les Vigneault, Charlebois et compagnie en ont glorifié des dizaines. Prenons l’exemple du mot «parlure». Rien à voir avec le mot langage. La parlure québécoise c’est plus que des mots, c’est notre façon d’être, de chanter, de parler et de dire. Et ce genre de mots de chez nous, il faut oser les utiliser. Et j’ai commencé ce processus en décidant que j’étais auteure, et non autrice. Autrice est réducteur à mon avis, alors qu’auteure, ayant la même consonance que son pendant masculin, lui donne la même valeur. Et c’est l’usage qui fait la langue d’un peuple. Désolée pour les puristes qui frissonnent de dégout.

Malgré les débuts de changements dans la rigidité de la langue française (avec la nouvelle orthographe), il faut s’avouer que certaines règles sont enracinées. Autant s’y faire. Mais je me garde le privilège de décider d’utiliser certains mots nouveaux, beaucoup de québécismes et certaines façons de faire différentes. L’important est qu’il y ait une certaine suite dans les idées, une certaine logique et une homogénéité dans l’ensemble. Et beaucoup, beaucoup de livres à écrire et à lire. 

N’oubliez pas: Le 12 août, j’achète un livre québécois! Pourquoi pas, un des miens: c’est ici.

Voici la définition de l’audace par Antidote: «Courage, mépris des obstacles et du danger. Manquer d’audace. Une folle audace. Avoir toutes les audaces. Procédé nouveau, innovation qui va à l’encontre des habitudes, des gouts du jour. Se permettre des audaces. Insolence, impudence.»

L’audace des gens m’a toujours fascinée. Jeune ado, j’étais indépendante, aimant ma liberté et affichant parfois l’impertinence de la jeunesse. Mais, même si je fonçais et prenais la parole facilement, j’aimais tout autant faire low profil. On ne peut pas dire que l’audace motivait mes actes. Mais en vieillissant, alors que j’ai fait il y a quelques années un bon ménage dans mes pensées, mes exigences et même dans mon entourage, je deviens de plus en plus déterminée à ne plus m’en laisser imposer. Je suis respectueuse d’autrui et je n’en attends pas moins de tout le monde: je ne laisse plus personne me bousculer. J’aime trop la vie et l’âge m’apprend que la vie passe très vite. Alors, j’essaie de ne plus perdre de temps avec les insignifiances et les lubies des gens je-sais-tout qui s’amusent à intervenir dans la vie de tout le monde. Pour moi, l’audace prend l’aspect indéniable de se tenir debout, d’être fier de ce que l’on est comme individu et comme peuple québécois. 

Maintenant, parlons de l’audace en écriture. C’est la même chose, il faut connaitre les règles de l’écriture, mais peut-être pour encore mieux les enfreindre. De tout temps, c’est la guerre des genres en littérature. Chaque auteur.e est catégorisé.e selon son style, ses sujets habituels, son «genre». Pourtant, l’écriture est multiple et tous les auteurs rêvent de toucher à n’importe quel sujet, de côtoyer les styles différents. Et si cette idée t’inspire une histoire, pourquoi pas? Qu’on veuille contenir l’écriture, la limiter, la réduire m’a toujours un peu agacé. Le pouvoir des mots est noble et il faut en ce sens donner à l’écrivain.e la liberté de choisir. 

Au siècle dernier, on a voulu imposer à tout monde des règles absolues au nom d’une religion ou d’un parti politique. Ne laissons pas ce modèle revenir, ni ici ni ailleurs. Les règles c’est bien, jusqu’à ce qu’on n’ait plus aucun avantage à s’y conformer. Pourquoi se contraindre quand on peut s’exploser et découvrir l’univers? Les mots sont immenses, revêtent bien des couleurs et nous pouvons toujours leur donner le sens qu’on veut, en miroir des images qu’ils projettent. Là réside toute la magie de l’écriture. Et l’audace ose. Pourquoi pas nous?

En écriture, l’audace peut avoir divers visages. Elle peut choquer, rallier, créer des malaises ou laisser complètement indifférente. Mais pour celui ou celle qui tient la plume, ça ne devrait rien changer. Il faut laisser libre cours à l’intrigue, donner aux personnages le libre arbitre de leur destinée. Qu’on soit ou non dans le courant, que notre histoire s’inscrive dans les tendances du moment ou non, rien ne devrait nous influencer ou à tout le moins, ne pas nous freiner. C’est exactement le même combat que dans la vie «réelle»: il y aura toujours quelqu’un pour te critiquer, pour te mettre en déroute, pour te faire sentir n’importe où sauf sur ton X. L’important, c’est ton sentiment quand tu termines une séance d’écriture. Si tu as envie de sourire, c’est que tout va bien! Si tu es inquiet.e, attend quelques jours et reviens sur ces passages. Mais tout doit d’abord et avant tout passer par ton propre filtre. 

Trop de gens laissent le doute déstabiliser leur élan. Le doute est nécessaire, mais quand il te paralyse, tu dois réagir. L’écriture est un acte de solitude, d’abord et avant tout. Et il faut se donner le droit de s’écouter, de s’entendre. C’est l’audace première en écriture. Trouver et s’apparier à son meilleur partenaire: soi-même. Faire confiance à notre flair, renouer avec notre intuition. Il faut adopter cette audace aujourd’hui, demain et toujours.

La cruauté étant le thème de mon mois de mars, je prévoyais vous parler de comment créer un personnage méchant. Il va sans dire qu’un tel personnage est nécessaire dans à peu près tous les romans. Mais d’emblée, créer un personnage, ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. Comme dans la vraie vie, on ne crée pas un personnage complètement bon ni un personnage complètement mauvais. La richesse d’un personnage réside dans sa crédibilité, en concordance avec la réalité et dans le fait de pouvoir facilement les comparer avec les gens de notre entourage. Comme écrivains, on a tous le désir de créer un personnage qui perdurera dans le temps. Un méchant qui nous fera frissonner et désirer s’en éloigner le plus possible, même si plusieurs de ses gestes nous semblent compréhensibles, voire légitimes.

Dans mon projet d’écriture actuel, j’en suis précisément à cette étape. Mon méchant manque de substance et il est un peu trop «one track». Il manque de nuances et de contradictions. L’histoire derrière son attitude et ses gestes est un peu obscure et peine à donner un sens compréhensible à ses actions. J’ai noté quelques commentaires pour étoffer ce personnage. Je sais à peu près ce qu’il doit être, suffit maintenant à semer les indices et donner les explications nécessaires pour ajouter plus de crédibilité à l’ensemble. Tout est dans la nuance. Et le travail que je dois mettre pour rendre le tout à mon goût est assez colossal. 

Je vous dirais que la réelle cruauté réside pour moi dans cette étape de mon manuscrit: analyser le premier jet et les failles, les creux, les manques et les questions non résolues. Et surtout, trouver le meilleur chemin pour les personnages. Il faut faire vivre ces personnages comme de vraies personnes, avec leurs hauts et leurs bas, leurs contradictions, leurs désirs et leurs peurs, leurs espoirs et leurs désirs de vengeance, leurs rêves et leurs devoirs. Nous ne sommes pas orientés par un seul objectif dans notre vie. Plusieurs éléments influent sur nos décisions et notre façon de nous comporter. Il doit en être ainsi également pour les personnages de romans, qu’ils soient bons ou mauvais. Et c’est exactement ce qui est le plus difficile à faire comme défi d’écriture.

Alors, il me faut trouver tous les incitatifs dans la vie de mon méchant (oui, c’est un homme). Quelles sont ses motivations? Quels sont ses désirs les plus chers? Pourquoi a-t-il un ressentiment qui le pousse à être cruel, à vouloir tout contrôler autour de lui et s’assurer qu’il soit toujours gagnant? J’ai une fiche assez détaillée pour tous mes personnages. Mais comme ce personnage est méchant, qu’il est mon antagoniste et que je dois l’étoffer encore plus que tous les autres, il me manque toutes ses motivations, plus détaillées que ce que j’ai déjà. Je dois revoir son passé et trouver ses désirs profonds, sa petite histoire personnelle, pour donner une réelle crédibilité à ce personnage et à ses actions. 

En résumé, il me reste beaucoup de travail encore pour donner un sens à mon dénouement. D’ici là, plusieurs heures de travail s’annoncent pour moi, comme pour tous les écrivains.es. L’étape de la correction est souvent beaucoup plus une étape de réécriture. Et je trouve cela très difficile, sans parler de la langueur que cette étape nous laisse. On a parfois l’impression de ne pas réellement avancer dans le processus, car on défait beaucoup, sans oublier les ratures et les disparitions de grands pans de texte. Il faut tellement de persévérance pour cette étape. Et plus le livre est complexe, plus le processus est ardu. Mais comme disait ma mère: on n’a rien sans rien! 

Je vais donc vous laisser imaginer que la cruauté a divers visages. Et que mon petit lot de méchancetés ici n’a vraiment rien à voir avec la réelle cruauté que vivent des familles entières en Ukraine par les temps qui courent. J’en profite pour m’adresser à tous les lecteurs d’Europe: nous sommes de tout coeur avec vous et nous espérons la fin de cette situation inhumaine qui fait maintenant partie de votre quotidien et le retour immédiat de la paix autour de vous. 

Photograph of Greeting in Sanskrit Namasté

Comme disait Edgar Morin dans ma citation préférée, la pandémie de Coronavirus-19 nous a fait réaliser combien l’humanité et notre sens de la communauté sont ou devraient être l’essentiel dans nos vies de tous les jours. Cette pandémie nous a permis également de nous rendre compte que rien n’est facile ni acquis à tout jamais dans notre monde. 

En 2015, j’ai créé mon blogue d’écriture et du même souffle, j’ai entamé, dans ma vie, l’acte d’écrire. Mais dans ce projet global d’écriture, c’est la première fois que je subis une panne d’écriture. Ce n’est pas le syndrome de la page blanche. C’est autre chose: la gravité des heures creuses, la stagnation de mon manuscrit, la totale procrastination, le vide. Pourtant, j’avais des listes de choses à faire, des notes de corrections précises à apporter, d’ajouts ou de suppressions à exécuter. Ce n’est pas comme si j’étais devant un blackout.  Alors, pourquoi, le seul geste de m’asseoir dans mon fauteuil pour écrire devenait soudainement impossible pour moi? Pendant cinq ans, j’ai publié un livre par année. Et soudain, depuis bientôt deux ans, je tournais en rond dans ce roman et j’hésitais devant chaque page. Que s’est-il passé?

J’y ai tellement réfléchi, j’ai essayé de comprendre chacun des sentiments qui m’habitaient, de mes peurs à ma profonde culpabilité, trop avide de comprendre pourquoi mon rêve de vie devenait une telle corvée. Et je crois que l’essentiel réside dans le dérèglement de mes balises. Cette pandémie a complètement remis en cause tout ce qui fait partie de notre quotidien, de nos certitudes. La précarité de nos vies et l’inquiétude ont vraiment atteint et déstabilisé notre assurance, notre confiance et même nos convictions. Évidemment, je parle pour moi. Car d’habitude, je ne suis pas facilement perturbée. Je suis calme devant l’adversité et les problèmes, et ce, tant et aussi longtemps que des solutions ne m’apparaissent pas clairement. Je ne suis pas du genre à baisser les bras ni à abandonner. Je suis combattive de nature, je n’en ai aucun mérite, on dirait que c’est dans mes gènes. 

Mais cette pandémie a atteint les miens, et là, je deviens moins coriace face à la détresse de mes proches. Alors, à la longue, je ne réussissais pas à retrouver la sérénité qui m’est nécessaire pour écrire mon roman. Mon quotidien s’étirait et j’étais acculée à l’impuissance. Cette pandémie grugeait toute l’énergie qui m’habitait. J’ai donc été des mois et des mois, sans être capable de travailler dans mon manuscrit, ne serait-ce que d’en relire les chapitres. À cette étape de la correction, j’étais incapable de m’immiscer dans mes lignes d’écriture pour faire un travail valable. Et quand s’installe une telle distance face à l’acte d’écrire, la procrastination prend le dessus et tout bascule.

Pendant des mois, je me suis sentie coupable de cette situation, résumant le tout comme un manque de rigueur de ma part. Cela m’a même amenée à remettre en doute mon désir d’écrire et la raison d’être de mon projet d’écriture en cours. Heureusement, la période des Fêtes 2021, ce semblant de normalité pendant quelques jours, m’a apporté tellement de bienêtre que d’emblée, j’ai repris pied.

Et comme à chaque année au mois de janvier, j’ai trouvé mon Mot Phare qui devrait soutenir mes projets 2022: Bienveillance. Eh oui, il m’a semblé comme évident que j’avais besoin de bienveillance en ce début d’année, suite à cette Covid-19 qui s’est invitée dans notre maison et auprès de nos enfants. Nous avons reçu Omicron et j’ai réalisé que cette peur de l’attraper était toujours présente dans chacune de nos pensées. Nous avons été malades. Nous en sommes sortis. 

Tout d’abord, je crois que j’en suis ressortie plus forte. Car j’ai retrouvé mon esprit combattif et j’ai décidé que ce n’est ni une pandémie ni le bouleversement total de mon quotidien qui règlementera ma vie. Face à cette intention de 2022, j’ai pris des décisions: 

  1. Faire une planification rigoureuse et immuable des publications de mon blogue. Cette planification permettra une meilleure utilisation de mon temps.
  2. Terminer la correction de mon manuscrit en cours, mon premier livre de Fantasy.

Pour mener à bien ces projets, j’ai l’intention de retrouver mon désir de faire de chaque jour une meilleure journée parce que la vie est belle et qu’elle le restera si je décide de la vivre bien. Et pour que cela soit vrai dans ma vie, je dois commencer chaque journée avec la certitude qu’elle sera belle et que nous ferons toujours de notre mieux pour y trouver du plaisir et du bonheur. Je veux vivre chacune de mes journées avec bienveillance, en gardant foi en l’humanité. Et la meilleure façon de faire, c’est de redémarrer pour de bon! Et je vous en souhaite tout autant. Bonne année 2022.  

La fascination

Qu’est-ce qui fascine dans la littérature? Pour répondre à cette question, il faudrait d’abord s’entendre sur la définition du mot littérature. Pour plusieurs, la littérature, ce sont les classiques et les auteurs français d’abord, québécois ensuite. L’histoire fait que les Français nous ont précédés. Mais nul ne me convaincra que nos auteurs québécois ne valent pas ceux de France. Nous avons nos classiques, nos perles rares et nos piliers. Qu’on parle de Émile Nelligan, Alain Grandbois, Gaston Miron ou Paul Chamberland, Anne Hébert, Gabrielle Roy, Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Michel Tremblay, ces pionniers qui ont amené nos mots dans l’univers. Et aujourd’hui, les Dominique Demers, Élise Gravel, Anaïs Barbeau-Lavalette, Kim Thuy,  Fred Pellerin. Tous aussi fabuleux et indispensables.

On dit que la lecture est une activité passive. Comme je ne suis pas d’accord. Pour moi, la lecture est une action des plus enlevantes. Mon esprit vole, mon imagination exerce une présence en moi qui occupe tout l’espace et le temps. Je deviens ce livre, ce personnage, ce lieu, cette émotion. De plus, comme j’écris, chacune de mes lectures m’apporte une réflexion, une prise de note, un début de texte ou d’article. Tout m’inspire et me fascine. Pour écrire un mot, je dois d’abord et avant tout lire un mot. L’un ne va pas sans l’autre. La lecture et l’écriture sont complémentaires dans ma vie. Je ne vivrais pas sans les deux dans ma vie. Depuis que j’ai appris les mots et leur magie, je lis et j’écris. C’est un monde de beauté, de questionnements, de réponses, de folie et d’émotion. 

Alors, pour en revenir à ma question de départ, qu’est-ce qui me fascine dans la littérature? Je dirais ceci: la proximité des mots dans mon imaginaire. Nous avons tous des mots qui nous charment, nous appellent, nous font grincer des dents ou nous font peur. Et c’est très bien ainsi. Les mots sont multiples et éveillent un imaginaire bien différent d’une personne à l’autre. Mais l’important, c’est de se laisser charmer. 

Je lis de tout. Je recherche par-dessus tout une lecture qui me rendra différente, qui m’apportera quelque chose de nouveau, de différent. Et dans la mesure du possible, qui sera positif, qui m’apportera du mieux. Je ne lis plus, ou très peu, des livres sombres et tortueux. J’ai décidé de m’entourer de beauté. Et j’aurais dû le décider bien avant dans ma vie. Maintenant, les mots me donnent du plaisir. Quand je les lis. Quand je les écris. Et il me semble que c’est le sens même de la vie: apporter le bienêtre dans l’existence. C’est le choix que j’ai décidé de faire pour ma vie. Vivre libre. Choisir mes mots à lire, à écrire. Libre de choisir. Y a-t-il plus belle fascination?

J’ai suivi la masterclass de Bernard Werber sur l’écriture de roman. J’ai découvert une personne pleine de ressources, très originale, unique en son genre. Parmi les trois masterclass que j’ai suivies cette année, c’est celle-ci qui m’a apporté le plus parce que Werber apporte des éléments vraiment nouveaux et il en parle de façon audacieuse. Plusieurs chapitres de son cours parlent d’éléments que je n’avais lus nulle part ailleurs ni vu aborder dans d’autres formations. Je ne vous dirai pas ici quels sont ces éléments, osez vous y inscrire, vous verrez bien.

Parmi toutes les merveilles qu’il m’a apprises, une de ses affirmations m’a estomaquée: «J’ai la conviction que le monde ne sera pas sauvé par les politiques, mais le monde sera sauvé par ceux qui auront de l’imagination». Ce fut un choc pour moi. J’avoue que je suis, et ce, depuis ma toute jeune adolescence, une femme politisée, friande d’interrogations sociales, entichée des polémiques ou des débats modernes.

Le monde politique nous oblige à regarder nos élus effectuer ce qu’il nous semble devoir être fait. Nous leur donnons le mandat de réaliser l’avenir pour nous. De concrétiser ce que nous ne voulons pas faire nous-mêmes par paresse, par peur, par lâcheté. Nous votons une fois tous les quatre ans pour des gens qui nous semblent capables, à défaut de les croire exceptionnels. Et ensuite, l’on doit laisser ces gens décider pour tous. Malheureusement, pour la plupart, leur fervente motivation de départ s’étiole et leurs actions ne représentent pas toujours le bien pour tous. Car avec le temps, ces gens bourrés de bonne volonté lors de la campagne électorale apprécient les lieux de pouvoir. Le bien commun devient vite relégué au second plan et ces gens de bonne volonté veulent remporter les prochaines élections. Ils choisissent donc les actions qui leur permettront d’être réélus. Plus ça change, plus c’est pareil!

Alors, voyez-vous, je commence à ressentir une grande désillusion politique et je me rends compte qu’il y aurait intérêt à investir dans les communautés sociales et locales. Ainsi, nous réussirions peut-être à créer un monde chaleureux qui serait juste et équitable pour toutes les couches de la société, hommes, femmes et enfants, ainsi que tous les autres. Tout comme Bernard Werber, j’ai la conviction que nous réussirons à faire un monde meilleur si l’on privilégie l’imagination, de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons d’être. 

Pourtant, aujourd’hui, chacun et chacune souhaitent de plus en plus le silence de tous. Les individus ne veulent plus être dérangés. Laissez-moi vivre ma petite vie comme je l’entends, de la façon dont j’ai envie de la vivre. Et qu’importe les conséquences autour de moi. Laissez-moi vivre! Et pourtant, est-ce qu’on laisse vivre les autres? Non. On choisit pour eux ce qui sera bon pour leur vie. J’ai beaucoup de misère avec cela, décider pour les autres. La pandémie Covid-19 nous a tous mis devant la remise en question de notre liberté: l’obligation de vivre d’une façon unique, avec plein d’interdictions, doutant de nos actions habituelles qui deviennent tout à coup répréhensibles et interdites. Puis, le sentiment de rage devant ceux qui font fi des recommandations ou tout le contraire, le sentiment de rage devant ceux qui observent toutes les règles aveuglément, sans s’interroger. 

Finalement, qu’est-ce que la liberté? Faire tout ce que l’on veut, quand on le veut? Pendant des années, nous avons largué la morale et l’éthique, car nous avons gardé le silence sur ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas. Nous avons été des champions dans l’art de faire l’autruche et de ne pas faire face à ce qui va mal dans le monde. Pendant des années, l’on a complètement oublié la solidarité, bien trop occupé à nos petits plaisirs personnels, dans notre coin, avec nos amis et tous ceux qui pensent comme nous. Et aujourd’hui, tout à coup l’on se surprend à constater que le monde va mal? 

Pendant des décennies, l’on a bousculé tout le monde sans demander leur avis. Les communautés ont rangé les vieux ensemble pour ne pas les voir vieillir, au lieu de les intégrer dans la vie de la société. On a créé des lieux de travail où chaque minute sauvée dans la journée ajoute une étoile au rendement du travailleur. Le mieux faire est mis au rancart pour imposer la rapidité d’exécution, l’augmentation de la production. Et ceux qui détiennent un haut pourcentage d’étoiles sont les meilleurs. Mais les meilleurs de quoi? Et par rapport à quel critère? 

Quand j’avais 20 ans, on chantait sous les toits «Liberté 55», vantant la semaine de travail de quatre jours et la retraite dans la cinquantaine, car nous allions bientôt connaître la société des loisirs. Et pourtant, près de cinquante ans plus tard, les gens n’ont jamais travaillé autant. Plus que jamais, et durement, sans perdre une minute, courant toute la journée pour sauver quelques précieuses de ces minutes. Et loin de la liberté 55, on incite les retraités à continuer à travailler, encore et encore, le plus loin possible. Alors, en fin de journée, quand les travailleurs retrouvent leur foyer, ils sont tellement vannés qu’ils n’ont plus l’énergie ni le goût pour autre chose. Et l’on s’étonne que les familles s’écroulent, que le tissu social devienne toxique et que l’on ne trouve plus le temps d’aller visiter famille et amis? Et l’on est surpris que les gens soient agressifs, revanchards et cyniques? La Covid-19 a le dos large, on l’accuse de tous les maux de la société laissée pour compte.

Il est triste de réaliser que le silence que l’on nourrit est celui face aux injustices et à l’inégalité. Il est surprenant de voir que le silence choisi est celui de l’indifférence face au sort des pauvres et des démunis, de nos enfants battus, de nos femmes assassinées. Il est dommage de choisir un silence qui oublie toutes ces atrocités qui étiolent nos vies, que le silence des yeux est souvent glorifié, car il vaut mieux s’occuper de ses affaires. 

J’ai la ferme conviction que notre silence est souvent pétri de lâcheté et de petitesses. Ce qui fait mal à voir, à sentir, à devenir ne tient plus du privé et devrait nous obliger à parler. Brisons le silence noir de l’indifférence. Osons parler pour trouver un monde meilleur pour tous. Ayons l’audace du rêve, de la création et de l’imagination.

Suggérer

Savoir suggérer. Proposer un imaginaire où l’on s’évade complètement. Concevoir un monde tellement différent et surprenant qu’il faut un gros effort pour retomber dans la réalité. Quel rêve pour une écrivaine! Mais il faut être réaliste: peu d’écrivaines peuvent se vanter d’avoir écrit une telle intrigue. Mais participer à cette communauté des magiciens et de magiciennes des mots et des émotions me donne juste envie de relever les épaules dignement et d’avoir l’impression de faire partie d’une guilde où l’imagination est reine. Ma petite part à ce monde magique me donne du bonheur. Et juste ça, c’est sublime.

Dans la vie, il existe toujours un moment où ce que l’on fait nous oblige à nous questionner. Prenons l’exemple du questionnement que tous les parents ont à un moment ou à un autre: est-ce que je suis crédible comme personne pour faire apprendre à mon enfant le sens de la vie, l’importance d’être et de partager son quotidien avec ses pairs. S’interroger, se questionner, c’est important. Mais toujours se demander si chaque geste ou chaque pensée qui nous anime est légitime ou non devient un peu obsessionnel. 

Se poser des questions, c’est bien. Remettre en cause nos motivations, questionner nos choix, c’est constructif. Mais il faut aussi vivre. Et la seule façon de donner un sens à sa vie, c’est bien de choisir ce qui nous plaît, ce qui nous fait vraiment plaisir, s’y tenir et y aller à fond de train. Or, le monde dans lequel nous vivons présentement, avec les réseaux sociaux et le sentiment que tout le monde a toujours quelque chose à dire sur tout, nous fait douter de nos priorités. Mais il suffit! Il faut oser être soi-même, choisir de vivre comme on le souhaite. Ceux qui respecteront ce que vous êtes, feront partie de votre vie. Les autres, n’hésitez pas à les bannir de votre entourage. 

Suggérer, c’est le principe même de l’imposteur. La vie est bien courte et les possibilités sont multiples. Cesser de tout remettre en cause simplement parce qu’on vous critique. Il faut faire les choses avec sérieux, du mieux qu’on peut, avec joie et amour. Lâcher prise sur les critiques et les jugements. En revenir et passer à autre chose. Ce que pense les autres de votre vie et de vos choix les regardent. Ne laissez pas l’oeil d’autrui ternir votre bonheur. Osez vous tenir debout et faites vos propres choix, sans attendre l’assentiment d’autrui. 

Je suis imparfaite. Mes romans aussi sont imparfaits. Mais j’ai grand plaisir à écrire et à essayer de faire bien et de faire du bien. Le prochain livre sera meilleur que le dernier parce que j’apprends toujours et que je deviens plus compétente d’une page à l’autre. Finalement, ce que je vous suggère ici c’est de prendre le temps de vivre et de croire à votre propre intrigue. Votre histoire est la meilleure parce que c’est la vôtre. Dans la vraie vie comme dans un roman. 

Recherche

Bof! Demain.

 

Bof! Demain, je le ferai. Puis une autre journée se passe, et il fait trop chaud, la canicule nous épuise, on remet encore au lendemain, l’autre demain, et cetera, et cetera! La procrastination, ça vous dit quelque chose?

J’ai souvent été une spécialiste des raisons de ne pas faire ce qui devait être fait. J’ai aussi un fils qui excelle en la matière! Dans ma liste des choses À faire, je faisais souvent ce qui me plaisait en premier et je remettais à plus tard les corvées désagréables. 

Depuis que je suis à la retraite, j’ai décidé de choisir le plaisir dans ma vie, la joie, les activités agréables et enrichissantes. Alors la procrastination n’est plus un problème pour moi. Une question est devenue absolument vitale chaque jour, maintenant: Est-ce que ça me tente? J’ai appris également à dire Non. Peu à peu. Mais je n’ai pas encore réussi à ne plus me sentir coupable de TOUS mes choix, mais j’y travaille très fort. 

La vie active est laborieuse et souvent difficile, pour tous, à un moment précis de notre vie pour chacun de nous. Rien n’est facile quand on doit toujours performer, faire toujours davantage d’une journée à l’autre, se faire ajouter des tâches autant sur le marché du travail, qu’à la maison, au sein de la famille et des exigences sociales. Aujourd’hui, il faut être en forme, avoir une vie sociale active régulière, aider nos enfants, nos parents, nos grands-parents, nos amis et multiplier les défis à chaque instant de notre vie. C’est essoufflant à la fin! Qui ne rêve pas à un moment de «ne rien faire»? De ne plus rien décider? De se laisser mener aveuglément, le temps de quelques heures?

Alors, je comprends la procrastination. On devrait se donner le droit, parfois, de vivre lentement (connaissez-vous encore ce mot… lentement), on a l’impression de toujours courir. Il serait bien d’avoir aussi l’autorisation de procrastiner quelquefois, sans penser que la Terre va arrêter de tourner ou que l’on devient la pire personne au monde. La société actuelle manque de compassion, on le dit et l’entend souvent. Mais, est-ce que l’on se donne le droit d’avoir de la compassion pour soi?  L’exigence du «Il faut!» brise tout le confort que peut procurer un moment non mis à l’agenda. Un moment d’imaginaire. Un moment de rire. Un moment de méditation. Un moment de respiration consciente. Un seul moment pour soi sans fonction précise si ce n’est de le vivre, là et maintenant. 

Mais soyons honnêtes! La procrastination, c’est aussi un grand pied de nez à ce monde qui oblige chaque individu à passer dans le moule. La procrastination, c’est aussi un refus, un non catégorique de se faire embrigader. Au lieu de faire ce qu’il faut, on vit ce qui est. C’est un sentiment d’avoir encore le droit de refuser d’être une copie plutôt que l’original. 

La procrastination chronique est souvent attirante, car le rythme imposé dans notre monde est souvent un peu excessif, artificiel et imposé de l’extérieur. La pandémie et la pause sociale obligée nous ont permis de réaliser que le monde tel qu’il était avant n’était peut-être pas si merveilleux que cela. Qu’il y avait d’autres façons de faire plus humaines et plus agréables. La vie, ce n’est pas que le travail et les choses à faire. La vie, c’est aussi ce que l’on est.

Alors peut-être qu’il faudrait tous essayer un peu la procrastination pour remettre en perspective chaque mouvement ou chaque geste qui nous semblaient normaux. Car, finalement, ces façons de vivre ne s’avéraient pas les meilleures pour faire de notre vie, une belle vie. Bof! Demain… Ce n’est pas si loin, après tout!

L’obligation

 

 

Même si je suis une personne relativement respectueuse des lois, des règles, des consignes et de beaucoup de traditions, je demeure rebelle dans les obligations. Me faire dire quoi faire et surtout comment le faire me fait souvent grogner et crée chez moi un vent de contestation.

Mon adolescence a été pénible, parce que je n’avais pas vraiment envie d’être la fille parfaite de sa maman, dont les attentes étaient précises et nombreuses. J’ai essayé, dans ma vie, de faire différemment, de trouver ma place et pas nécessairement celle qu’on voulait que je prenne. Mais, il faut parfois s’engager à des règles, un parcours particulier, des façons de faire et de s’épanouir selon nos valeurs. Ce n’est pas tout à fait la même chose que l’obligation. Quand nous sommes libres de choisir, alors tout prend une autre couleur.

En écriture, il y a des règles aussi, c’est évident. Il y a des conventions également. Et surtout, comme partout dans la société, il y a plein de gens qui ont une façon d’imposer leur façon de voir qui me dérange. Heureusement, notre monde contemporain d’écriture apporte précisément une réelle liberté que prennent les auteurs·es dans leur façon d’écrire. Ces années-ci, on trouve de tout (même un·e ami·e!!!). Ainsi, il est plus que facile de trouver sa lecture préférée. C’est une période d’abondance et d’ouverture, c’est la rencontre des genres multiples, d’une immense diversité. C’est la création à son meilleur.

J’ai lu beaucoup de classiques en littérature. Et ce ne fut pas souvent un coup de cœur et pourtant, j’étais de celles qui lisaient de tout, avec ravissement. C’est tout dire! Je dois avouer que les classiques que j’ai vraiment aimés sont plutôt rares. En littérature, quand on parle de classique, on parle souvent du passé, mais d’une époque lointaine. Pourtant, le passé commence hier. Et dans notre monde contemporain, nous commençons à avoir de sérieux classiques. Il serait dommage de ne pas les faire valoir. Et surtout, Québec, n’oublie pas qu’il n’y a pas que « les vieux pays » qui ont fait l’histoire et apporté leur mot…

Les lectures obligatoires existent depuis toujours dans les écoles de tous les pays. Les professeurs de français du secondaire, tout comme les bibliothécaires du système d’éducation au Québec ont donc une responsabilité énorme dans leur choix des livres offerts aux élèves et aux étudiants. Laissons un peu de côté les classiques habituels. Créons des classiques contemporains, au lieu de n’avoir que ceux d’hier à faire connaitre.

Les lectures imposées au secondaire sont nécessaires et sachez qu’elles laissent des traces: elles peuvent rebuter à jamais ou donner pour toujours, le gout profond de la lecture. C’est une grande et belle responsabilité pour tous les professeurs de français, bibliothécaires et amoureux des mots. Un beau problème! Personnellement, j’ai découvert et choisi mes propres classiques. Ceux qui m’ont été offerts à l’école n’étaient pas édifiants. Je vous invite à les découvrir ici.

En écriture, il faut se donner le droit de choisir nos batailles. Une bonne écriture, c’est celle qui permet aux lecteurs et aux lectrices de passer un bon moment, de faire connaissance avec des personnages intéressants qui bousculent la réalité, ouvrent des horizons, permettent de vivre des moments intenses ou ordinaires, d’apprendre ou de reconnaitre la vie. Mais c’est, et ce sera toujours, d’abord, une grande aventure d’un·e auteur·e avec les lettres, les sens et les sons, pour écrire un mot.

Pour écrire un mot ne peut pas ignorer l’événement du siècle qui bouleverse la vie quotidienne de tous: la Covid-19. Et quoi de mieux que mon thème du mois l’Appartenance pour en parler. Bien des effets négatifs nous ont assaillis depuis le début de cette pandémie: la maladie qui se cache partout, la mort qui rôde, l’angoisse de l’inconnu, l’absence de vaccins, le travail de tous menacé, les pertes d’emplois, les commerces et entreprises en péril, les artistes et les artisans sans revenus, les écoles fermées, la vie de famille chamboulée, la solitude, la peur et j’en passe et sûrement des meilleures.

Toutefois, je veux apporter quelques côtés positifs à ce déséquilibre mondial. Il y en a plusieurs, mais trois éléments me sont apparus exceptionnels: une baisse de la pollution, un regain à la responsabilité familiale et sociale et un sentiment très fort d’appartenance.

1. Baisse de la pollution et télétravail
La planète a retrouvé un second souffle depuis que le monde a été mis en pause. Le confinement chez soi a permis aux villes de respirer à nouveau à cause de la baisse significative du trafic routier et du bienfait du télétravail. Alors que notre planète demandait un grand tournant, la vie nous l’apporte sur un plateau d’argent. Il est apparu que le télétravail pourrait être une solution permanente à la pollution en général. Le télétravail à temps plein ou à temps partiel diminue la pollution sur nos routes tout en réduisant les frais d’exploitation pour les entreprises et facilite la vie aux travailleurs.

Si le télétravail perdure, les recherches pour augmenter le nombre des autoroutes, des stationnements, des tours de bureaux ne deviennent plus si essentielles. Les régions reprennent vie puisqu’il n’est plus primordial d’aller habiter la ville pour rejoindre une bonne entreprise. Une grande majorité d’emplois peut se faire de la maison.

Évidemment, un programme pour une libéralisation numérique est absolument nécessaire, mais une multitude d’avantages sociaux s’en suivront. C’est pourquoi il faut sérieusement instaurer un dialogue pour prioriser le télétravail. C’est d’abord une question de modernité, mais c’est aussi une question de survie planétaire.

2. Une responsabilité familiale et sociale accrue
La pandémie a réveillé un sentiment d’inquiétude pour nos pairs, puisque la vie de tout un chacun est devenue menacée. Alors, de plus en plus, les gens prennent des nouvelles de leur entourage. Les membres des familles portent aide et soutien entre eux. Les téléphones, les tablettes et les ordinateurs se font aller à toute vitesse vers tous les horizons, auprès des frères, des sœurs, des parents, des amis, et pas seulement sur Facebook. Il était temps! Depuis des décennies, les lignes de partage et de bienfaisance étaient franchement malades. Les gens s’inquiétaient de leur petite personne, de la productivité de leur entreprise, de leurs acquisitions et leurs nouveaux gadgets. Mais de savoir si tout son monde se porte bien, on repassera!

La pandémie aura eu cela de bon: les familles se ressoudent même si c’est de loin, l’on s’inquiète du bien-être du voisin et réapparait, peu à peu, un sens de la communauté. Ouf! On l’a échappé belle, il était minuit moins une.

3. Un sentiment d’appartenance
La Covid-19 nous a obligés à un confinement. Et ce confinement a permis de redécouvrir la solidarité et la force du nous. Le Québec est solide: à preuve, nous survivons plus que jamais en français, un peuple noyé dans un monde anglophone. On en a vu d’autres! Le Panier bleu explose d’entreprises et de commerces plus innovateurs l’un que l’autre. Et enfin, le Québec a compris qu’en achetant chez nous, il est possible de créer une dynamique qui deviendra gagnante pour tous et pour toutes.

Pourtant, c’est tellement simple d’acheter chez nous! Le réflexe est créé et le processus enclenché. Maintenant, au tour des commerces et des entreprises de nous donner le gout de les encourager et des raisons de continuer à acheter chez nous : en créant un bon produit, à bon prix. Tout le monde est prêt à payer un peu plus cher pour encourager les artisans, les entrepreneurs et les commerçants de chez nous. Mais la majorité des citoyens n’ont pas les moyens (ni le gout, il faut le dire) de payer le double et le triple de la valeur marchande. Il faut être compétiteur. Trouver des façons de faire pour minimiser les couts. Et le télétravail… c’est une bonne solution.

En terminant, permettez-moi de vous dire que je n’ai jamais été si fière d’être Québécoise. Oui, il ne faut pas se le cacher, nous avons des manques et des faiblesses, les CHSLD en sont un exemple éloquent. Mais de l’avouer est déjà un pas énorme vers les solutions qui ne manqueront pas de surgir, j’en suis persuadée. Dirigeons-nous vers le mode action et acceptons de mettre la main à la roue du devenir. C’est toujours facile de critiquer, de questionner les décisions d’autrui et même de chanter à qui mieux mieux Ça va bien aller. Encore faut-il faire partie de la résolution du problème. Ne serait-ce que par notre ouverture au changement. Bienvenue chez vous!

Note: Le déterminant à utiliser est bien « la » devant Covid-19, voir l’article sur le site de l’Office québécois de la langue française.

À chacun son mérite

À chacun son mérite

« Notre plus grand mérite n’est pas de ne jamais tomber,
mais de nous relever  à chaque fois. »
(Ralph Waldo Emerson)

Comme une de mes citations du mois vous le dit ci-dessus, le plus important en écriture, c’est de se relever, d’user de persévérance dans votre projet d’écriture. Il m’est arrivé si souvent de tomber: d’abandonner un projet, de procrastiner et de perdre la foi en mon talent «Pour écrire un mot». Parallèlement, des auteurs nés se sont refusé ce plaisir par manque de modestie. Je connais un journaliste reconnu qui avait un talent fou qui s’est refusé le grand bonheur d’écrire son premier roman tout le long de sa vie probablement pour les mêmes raisons que lorsqu’il avait 20 ans: «Si Proust pouvait me lire, j’en mourrais de honte». Mais Proust est mort, son œuvre vit encore, mais c’est la sienne.

J’ai un mérite qui est le mien: c’est d’avoir osé croire que je pouvais avoir ma place. C’est de n’avoir jamais abandonné. D’avoir su continuer, me relever, même si je suis tombée souvent. Et c’est à la portée de tous. L’important c’est d’agir sa vie, selon ses propres règles, pas selon celles des autres. Trouver sa couleur.

Vous savez, on a toujours dit que la réussite et le succès sont composés de 5% de talent et de 95% de travail. Et j’y crois profondément. Tout le monde est apte à écrire un livre, à peindre un tableau, à prendre une photo, à faire de la poterie, du tricot, des bijoux, etc. Mais de réaliser une œuvre unique qui émeut, qui résonne, qui apporte un plus à la vie de quelqu’un, c’est une autre histoire. Et la seule et unique façon d’y arriver, c’est de travailler très fort, de recommencer, de faire un nouvel essai autrement, de revoir son plan, sa façon de procéder, de ne pas se prendre au sérieux et de toujours voir le résultat final comme un élément perfectible. 

«Cent fois sur le métier,
remettez votre ouvrage.»
(Nicolas Boileau)

Le goût d’écrire, c’est très souvent vouloir faire une différence quelque part. Habituellement, ceux et celles qui écrivent sont des adeptes de la lecture. Et si c’est le cas, vous avez tous et toutes été victimes de fascination face à un livre qui a partagé vos loisirs quelque part dans le temps, qui a fait une différence sur votre façon de lire et même, parfois, sur votre façon de voir la vie. 

Il en est de même pour l’écriture. Chaque plume désire faire une différence. Ne serait-ce que pour une seule personne. Mais il faut travailler. Plus un manuscrit est peaufiné, plus il deviendra en accord avec votre projet de faire une différence. Avec beaucoup de rigueur, un peu de sérieux et du travail à profusion, c’est la récolte du mérite. 

Écrire, c’est facile, ou à tout le moins, accessible à une multitude de gens. Mais dépasser le premier jet, faire en sorte que le produit devienne poli, astiqué et propre, et espérer qu’il soit lumineux pour quelqu’un, alors ça, c’est autre chose. 

Il n’est pas prétentieux de vouloir accéder à cet objectif, d’en faire le but d’un projet d’écriture. C’est au contraire un signe d’une grande maturité. Écrire nous oblige à ce désir de faire mieux, ce besoin de toujours mettre la barre un peu plus haute qu’hier. D’essayer de sortir de sa zone de confort et d’oser. Prendre son temps. Prendre les mots à bras le corps et les propulser vers l’histoire de son choix pour notre plus grande satisfaction d’écriture ou de lecture. C’est le plaisir que je vous souhaite à tous dans ce temps morose de
Covid-19.

 

L’absence

Le cauchemar de la plupart des écrivains·es est le syndrome de la page blanche, mais ma terreur personnelle, c’est l’absence, ce lieu d’écriture de l’imaginaire vide, noir, sans lumière aucune. Le lieu de l’écriture sain, c’est l’imaginaire du vivant au bout de la plume de l’écrivain·e. Il fait partie du challenge des mots, du sens des émotions, de l’avenir d’aujourd’hui. Mais l’absence est présente tout autour de l’imaginaire comme le soleil qui se cache derrière les nuages un jour maussade de novembre.

Cette absence, elle est trop souvent présente aux rendez-vous sombres de nos questionnements qui nous envahissent, nous tourmentent et nous font craindre de ne plus trouver la lumière au bout des labyrinthes noirs qui se pointent à la fin de chaque chapitre. Mais le plus difficile est de ne pas se laisser vaincre par cette absence de limpidité. Il faut continuer à fouiller, à creuser, à chercher le chemin qui a du cœur.

À titre d’auteure, je souhaite ne jamais oublier que l’absence, même si elle m’essouffle et m’exaspère la plupart du temps, ne peut que m’obliger à trouver la meilleure façon de faire surgir l’étoile du matin. Cette étoile unique qui nous fait frissonner de plaisir, parce que sa beauté nous émeut au plus haut point, et nous fait croire qu’il est possible d’y arriver.

À chaque moment où, devant mon clavier d’ordinateur, je me trouve face à l’absence, face à un manque flagrant de solutions dans mon histoire, je sens un obscur découragement m’envahir parce que je découvre mon impossibilité de trouver la route de l’intrigue qui est la mienne. Et je vous assure que je pense que je n’y arriverai jamais. Pourtant, je persiste, je m’assois devant mon Mac, j’ouvre Scrivener et je reprends mon plan, encore et encore. Je modifie ceci, ajoute cela, je décide à nouveau d’écrire, de laisser les mots parler, au-delà de mon imaginaire. Et après toutes ces années, je suis toujours étonnée de découvrir que l’absence s’estompe peu à peu et que renait mon écriture.

Alors, je redécouvre que l’absence persiste uniquement parce que je laisse l’imaginaire prendre des vacances. Quand je reviens aux mots, ceux-ci m’apportent toujours leur musique qui crée l’histoire, mon histoire, l’histoire des mots et de l’imaginaire.

 

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« Quand j'ai finalement rattrapé Abraham Trahearne il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le coeur d'une superbe journée de printemps. » James Crumley (Le dernier baiser)

Caroline Doudet

Autrice. Blogueuse. Happycultrice. J'habite poétiquement le monde.

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